Zanzibar évoque à lui toute seule maintes légendes africaines, mais aussi les plages paradisiaques de l’océan Indien dont il est bordé. Emblématique de cette Afrique de l’Est dans ce qu’elle comporte de plus contrasté. Une histoire douloureuse et une beauté naturelle. Son nom lui fut donné par les premiers navigateurs perses qui débarquèrent ici. Il se traduit par « terre des noirs ». Zanzibar, plus encore que les terres continentales qui lui font face, sera marquée par une effervescence ethnique, culturelle, politique et commerciale.
De ce brassage d’idées, de coutumes et d’opinions, elle a créé son identité si particulière, jusqu’à devenir une entité parfaitement autonome au sein de la Tanzanie. Le mélange des populations locales et des marchands arabes donna naissance à partir du IXe siècle de la langue swahili, qui se répandra pour faciliter le trafic de l’or, de l’ivoire, des esclaves.
Le sultan Chiraz est alors installé ici, instaurant la domination de sa dynastie pour les siècles à venir. Après les comptoirs, ce seront divers bâtiments administratifs qui verront le jour à partir du XIIIe siècle. Le commerce avec la Chine et le golfe Persique est florissant : Zanzibar en devient l’une des plaques tournantes.
Les explorateurs portugais découvrent la région dans les années 1500 et comprennent bien vite l’intérêt qu’il y a à la dominer, au vu de la masse des ressources environnantes. Le roi swahili doit allégeance aux portugais qui se sont emparés de l’archipel comme des autres régions du littoral et entendent bien régir les marchandises qui y transitent.
Ils construisent la première église en 1590. Mais le Sultanat d’Oman ne se laisse pas impressionner par les Européens et reprend le contrôle des territoires en 1698. Il le gardera jusqu’à la fin du XIXe. Sa domination voit l’expansion du commerce des esclaves, d’origines africaines. Ils sont traqués jusqu’aux tréfonds de leurs terres pour être envoyés dans le golfe Persique, mais également vers les îles françaises Maurice et la Réunion.
Au début des années 1700, le nouveau sultan, plus modéré, s’allie avec les Britanniques, et la traite des hommes diminue à partir de 1772. L’économie est ensuite relancée par le démarrage de la culture du giroflier et de son épice, le clou de girofle, dont Zanzibar deviendra le premier exportateur. L’ivoire devient aussi l’objet de ventes récurrentes et colossales vers les pays occidentalisés.
Les affaires sont tellement reluisantes que Zanzibar city devient la capitale du Sultanat d’Oman tandis que des palais magnifiques sont construits dans la ville, comme autant de témoins de son faste. Mais l’opinion internationale commence à être sérieusement offusquée de la masse incroyable d’esclaves qui transitent encore ici. Oman perdra ses possessions à Zanzibar ; comme ailleurs, à partir de la furieuse colonisation des Européens en 1880.
La ville sera affaiblie une fois sous protectorat britannique, et ne subira que de très loin les effets des deux conflits mondiaux. Elle acquiert son indépendance le 10 décembre 1963, en devenant une République populaire marxiste, mais suite aux massacres qui s’ensuivent, fusionne avec le Tanganyika en 1964 pour former la Tanzanie, gardant une certaine autonomie administrative, toujours sous la même tendance politique. Elle renaitra de ses cendres à partir de 1990 grâce au tourisme attiré ici par la beauté de ses paysages.
Un nouvel élan dans lequel elle tente de faire oublier les événements tragiques de son passé.